La résistance aux antibiotiques, comment ça marche ?
Attention aux résistances acquises !
Lorsque l’on parle de résistance aux antibiotiques, on fait référence à deux phénomènes distincts : les résistances naturelles ou « innées » de certaines bactéries à des familles antibiotiques (ne possèdent pas les cibles des antibiotiques) et les résistances acquises, qui constituent la véritable menace.
Concernant les résistances acquises, elles découlent de modifications au niveau de l’ADN bactérien, soit par des mutations, soit par des transferts de gènes de résistance d’une bactérie à une autre (par des éléments mobiles comme les plasmides ou les transposons). La conséquence de ces mutations ou acquisition de gènes va donner lieu à une diminution de sensibilité de la bactérie à l’antibiotique, par le biais d’un ou plusieurs mécanismes (altération des récepteurs, diminution de la perméabilité de la membrane, mécanismes de pompes refoulant l’antibiotique, présence d’enzymes décomposant l’antibiotique). Le genre bactérien a une capacité constante à s’adapter : Les mutations sont des évènements très ponctuels, survenant dans des contextes de stress -lors d’une exposition à une molécule antibiotique par exemple- et permettant de contourner l’effet de l’antibiotique administré. Les transferts de gènes de résistance sont plus préoccupants car ils concernent le plus souvent plusieurs familles antibiotiques. Une même souche bactérienne peut en effet accumuler plusieurs mécanismes de résistances, suite au transfert de nombreux plasmides, d’une bactérie à l’autre : on parle alors de multi-résistance. Ces phénomènes surviennent particulièrement lors d’exposition à des antibiotiques (pression de sélection).
Une fois sélectionnées chez un individu, les bactéries résistantes peuvent être transmises à d’autres individus :
- A l’hôpital : par contact direct entre les patients, par les mains du personnel soignant, ou par des objets contaminés
- Dans la communauté : au sein d’un même cercle familial par exemple, ou dans le domaine agricole chez les animaux d’un même élevage.
Le portage de bactéries résistantes peut persister plusieurs mois. Le portage sera d’autant plus prolongé chez un individu qui reçoit des traitements antibiotiques multiples.