A quoi penser lorsqu'on prescrit un antibiotique?

Aides à la prescription
A quoi penser lorsqu'on prescrit un antibiotique?

Une prescription antibiotique optimale est une prescription : au bon moment, avec la bonne molécule, par la bonne voie d'administration, au bon dosage et pour une durée strictement nécessaire!
Voici une séquence de questions à passer en revue aux moments clés, pour garantir l'usage optimal des antibiotiques:

AU MOMENT DE LA PRESCRIPTION

1. Y a t'il urgence à débuter une antibiothérapie?

  • Neutropénie fébrile
  • Sepsis, choc septique, atteinte d'organes
  • Menace pour le pronostic vital (ex: suspicion de méningite bactérienne)

Si oui, débuter un antibiotique immédiatement, adapté à la situation clinique

2. Si non,  y a-t'il une suspicion clinique d'une infection bactérienne?

L'initiation d'un traitement peut être différée chez un patient en état général conservé, en l'absence d'un foyer infectieux clair (ex: état fébrile sans piste clinique), le temps de poursuivre le bilan diagnostique (radiologique, microbiologique), sous couvert d'une surveillance clinique!

3. Si un antibiotique est finalement débuté, des prélèvements microbiologiques ont-ils été effectués avant de débuter le traitement?

Cette question s'applique également avant le changement empirique d'une molécule.

Rappelons que pour certaines infections sévères engageant le pronostic vital (ex: méningite), la réalisation d'examens microbiologiques (ex: ponction lombaire), ne doit pas retarder l'administration de l'antibiotique.

4. Le patient est-il connu pour des allergies à un ou plusieurs antibiotiques?

  • Faire une bonne anamnèse: questionner le patient notamment sur la molécule incriminée, le type de réaction, la date
  • Documenter ces informations dans le dossier médical
  • Envisager une consultation allergo-immunologique
  • Se référer aux recommandations pour la stratégie de traitement (voir)

5. Comment choisir empiriquement le bon antibiotique?

Se référer aux recommandations de votre hôpital, fondées selon l'épidémiologie locale des bactéries résistantes

6. Documenter dans le dossier médical:

  • l'indication du traitement antibiotique
  • la durée présumée de traitement ou la prochaine date de réévaluation

A 48-72 HEURES DU DEBUT DU TRAITEMENT

1. Le patient a t'il encore besoin d'un antibiotique?

Si oui, déterminer, selon les résultats des investigations, la durée de traitement ou la prochaine date de réévaluation

2. Des bactéries ont-elles été identifiées dans les prélèvements effectués et les antibiogrammes sont-il disponibles ?

Si oui, adapter le spectre en fonction de l'antibiogramme des bactéries documentées (en particulier désescalade)

3. Si l'administration est intraveineuse, un relai par la voie orale peut-il être envisagé?

Les conditions à remplir pour envisager la voie orale sont:

  • la stabilité hémodynamique
  • l'absence de fièvre depuis 24-48heures
  • un transit digestif conservé (absence de diarrhées, vomissements)
  • absence de foyer profond non contrôlé ou d'infections difficiles à traiter justifiant des durées de traitement intraveineux plus longues (ex: endocardites, ostéomyélites,...)
  • une alternative orale compatible avec la documentation microbiologique ou les guidelines

4. Si le patient a toujours besoin d'un antibiotique intraveineux, présente-t'il encore des critères justifiant son hospitalisation, en dehors de son antibiothérapie (ex: gestion des comorbidités)?

Envisager la poursuite du  traitement antibiotique en ambulatoire par l'intermédiaire de structures adaptées (service d'antibiothérapie parentérale ambulatoire,  CMS,...)