Les aminoglycosides
Parmi ce groupe, 3 antibiotiques (molécules) sont utilisés en Suisse:
Amikacine
(Amikin®)
Gentamicine
(Garamycin®)
Tobramycine
(Obracyn®)
Mode d'action: ribosomes
Cette famille d’antibiotiques agit sur les ribosomes en inhibant la synthèse des protéines.
Spectre
Le spectre des aminoglycosides couvre principalement les bactéries à Gram négatif (plutôt l'amikacine ou la tobramycine pour le Pseudomonas aeruginosa), et également les bactéries à Gram positif - entérocoques, staphylocoques, streptocoques (gentamicine).
Indications principales
Les aminoglycosides sont généralement indiqués en début de traitement (inoculum élevé ou empirique), et pour une durée de moins de 3 jours (sauf endocardite) en raison de leur rapport bénéfice risque.
Ils peuvent être utilisés en combinaison en traitement empirique lors d’un choc septique ou d'une infection sévère possiblement secondaire à des bactéries à Gram négatif ou en combinaison pour le traitement des endocardites (synergie avec les béta-lactames pour la couverture des entérocoques et streptocoques sensibles ou en cas de résistance de bas niveau aux aminoglycosides).
Il peuvent aussi être utilisés en combinaison pour l’antibioprophylaxie lors de certaines interventions chirurgicales (alternatives en cas d'allergie).
Contre-indications principales
Les aminoglycosides ne doivent pas être utilisés en cas de réactions d’hypersensibilité connues à l'une des molécules de la classe. En cas de cirrhose décompensée, il existe un risque de précipiter un syndrome hépato-rénal.
En cas d’insuffisance rénale, le rapport bénéfice risque doit être discuté. Si un aminoside est prescrit :
- La posologie unitaire est identique au sujet normo-rénal, c’est le délai entre deux ré-injections qui varie
- Nécessité de pratiquer des dosages plasmatiques avant ré-injection, aucune ré-injection n’est effectuée tant que le taux résiduel est supérieur au seuil de toxicité (valeur de la résiduelle)
- Privilégier les durées courtes (1-2 injections)
- Surveiller la fonction rénale
Posologies habituelles chez l’adulte
Les posologies sont variables en fonction de la gravité du tableau clinique (choc septique) et du germe identifié ou suspecté (CMI élevée). L’efficacité est corrélée à la valeur du 1er pic.
- amikacine : 15-25 mg/kg/24h iv
- gentamicine: 5-7 mg/kg/24h iv (endocardite: 3 mg/kg/24h)
- tobramycine: 5-7 mg/kg/24h iv
Données pharmaco-cinétiques : métabolisme et élimination
Il s'agit d'antibiotiques « dose-dépendants », c'est à dire que leur efficacité dépend du taux plasmatique.
Lors d'infections sévères, il convient de prévoir des taux pics plasmatiques pour évaluer l’efficacité : viser 10x la CMI du germe.
Lors de traitements de longue durée et/ou d'insuffisance rénale, il convient d'effectuer des taux résiduels plasmatiques pour prévenir la toxicité.
L’élimination est en majeure partie rénale.
Après la 1ère dose qui est identique quelle que soit la fonction rénale (dose de charge), il convient donc d’adapter la posologie à la fonction rénale du patient.
Les aminoglycosides pénètrent mal dans le LCR.
Effets secondaires principaux
- néphrotoxicité : généralement réversible à l’arrêt du traitement
- ototoxicité (accouphènes, vertiges) : irréversible et cumulatif
Les facteurs de risque associés à une incidence augmentée de toxicité sont les traitements supérieurs à 8 jours, les doses administrées (journalières et cumulatives), un traitement diurétique associé ou une exposition antérieure aux aminoglycosides.
Monitoring à prévoir
- suivi de la fonction rénale
- taux résiduels plasmatiques (+ taux pics dans certains situations)
- si traitement prolongé: audiogramme en début de traitement et suivi
Interactions médicamenteuses (non exhaustif)
- diurétiques de l’anse (furosémide, torasémide) à doses élevées : augmentation du risque d’ototoxicité et néphrotoxicité
- médicaments néphrotoxiques : augmentation du risque de néphrotoxicité et indirectement d’ototoxicité
- myorelaxants et polymyxines : augmentation du blocage neuromusculaire
- vaccin contre la typhoïde vivant oral : diminution de l’efficacité du vaccin : diminution de l’efficacité du vaccin
Résistances
Résistances naturelles
Certaines bactéries résistent naturellement aux aminoglycosides comme les bactéries anaérobes.
Résistances aquises
Les résistances aux aminoglycosides impliquent des gènes codant des enzymes dénaturant la cible de l’antibiotique ou l’antibiotique lui-même.