Vignette clinique: l'antibioprophylaxie, attention aux durées!
Antibioprophylaxie chirurgicale prolongée
Patient de 80 ans, hospitalisé dans le service de chirurgie 3 jours avant notre évaluation pour une résection trans-urétrale de la prostate (TURP) en électif.
Un traitement prophylactique de ciprofloxacine a été débuté le jour de l’intervention ; cette dernière s’est déroulée sans complication.
La culture d’urine réalisée une semaine avant l’intervention n’a pas mis en évidence de germe et le patient n'avait aucun argument clinique ou paraclinique pour une infection urinaire. Actuellement porteur d’une sonde urinaire mise en place dans la période per-opératoire, le patient reçoit toujours le traitement antibiotique de ciprofloxacine orale (J3) à raison de 500 mg 2x/j, prévu jusqu’à l’ablation de la sonde urinaire.
Nos prospositions:
- interruption du traitement antibiotique.
Discussion :
Selon les recommandations suisses concernant l'antibioprophylaxie en générale (voir ici) et selon les recommandations de la société européenne d'urologie (EAU) (voir ici), pour la plupart des procédures, il n’y a pas d’indication à poursuivre une antibioprophylaxie au-delà de la période per-opératoire.
Il est important de relever qu’une antibioprophylaxie prolongée est associée à un risque accru de résistance aux antimicrobiens.
Ici, c’est la présence d’une bactériurie documentée, même asymptomatique, et non le maintien d'un cathéter urinaire qui aurait justifié, dans le contexte d’un geste sur les voies urinaires, la poursuite de l’antibiotique pour une courte durée.